vendredi 7 mai 2010

Haïti

Le 12 janvier 2010, ce tremblement de terre qui touche durement Haïti !
Et le besoin de faire silence.
Nous avons voulu laisser passer un peu de temps! Tant de gestes de solidarité se sont manifestés, venus du monde entier.
Que pouvions-nous dire de plus ? Devions-nous ajouter une voix de plus, à peine audible, au milieu des autres, de toutes les belles mobilisations, parmi des gens qui nous sont proches, des comédiens et comédiennes, comme Mylène Wagram, qui, avec Frédérique Liebaut et Clotilde Ramondou ont organisé à la Librairie Les Oiseaux Rares, une semaine de lectures de textes d'auteurs haïtiens? Plutôt des gestes que des mots.
J'ai participé à la lecture du dimanche 31 janvier en choisissant de dire-lire un extrait du texte d'Anthony Phelps, "Ô mon pays que voici".
J'avais neuf ans, je crois, la première fois que j'ai entendu ce texte, sous la forme d'un enregistrement fait par le poète lui-même.
Un grand 33 tours qui déversait, en tournant lentement, cette voix grave et profonde, une belle et magnifique voix disant ce texte qui allait m'en apprendre tellement sur Haïti, à cet âge-là, dans cette ville de Pointe-à-Pitre de mon enfance.
Je voyais défiler d'autres temps, le temps des amérindiens, quelque peu magnifié par Phelps, je peux en juger aujourd'hui, mais à l'époque, un véritable paradis m'apparaissait là qui avait été brisé par l'arrivée des espagnols, « le dieu de l'espagnol », l'or tant convoité.
Ce texte de Phelps est pour moi indissociable d'Haïti et de mon enfance et le redire, ce jour-là, imaginer Port-au-Prince sous la conduite d'Anthony Phelps, en ayant dans le même temps, en tête, les terribles images que les télévisions et les journaux n'ont cessé de diffuser, sans respect pour les habitants et leur souffrance (mais ceci a été dénoncé par d'autres et sans doute mieux que moi), a été très émouvant.
Dire ce texte était le plus profond hommage que je pouvais rendre à ce pays qu'à l'âge de neuf ans, il m'a été donné d'apercevoir et que je n'ai depuis cessé de découvrir au travers de sa littérature.
Je n'ose pas en dire davantage, de peur de sortir de la solidarité tout en modestie qui me semble devoir être la règle en de telles circonstances.
Gerty Dambury




Crédit photo : © Boris Kester
"Scène du Marché en Fer"
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