mardi 5 juillet 2011

Le carnet secret

Prendre le temps de rêver... un verre à la main. Pour certains, un cigare qui rougeoie, puis la cendre qui tient ferme. Pour certaines aussi, on peut l'imaginer.
L'idée est là, à portée de main. Elle se révèle quelquefois, fugace et puis elle disparaît. Que le cigare dure et que le verre abandonné sur la petite table basse, pas très loin, soit oublié. Une nouvelle pensée chasse la précédente.
"Et si on..."
Vous ne croyiez tout de même pas que nous allions vous ouvrir notre carnet secret ?

Crédit photo : © Gerty Dambury

L'atelier

Nous voici à la croisée des chemins.
Après plusieurs rencontres, et l'arrivée d'une quatrième complice, l'atelier s'est lancé dans une série d'improvisations autour des questions de société qui nous posaient problème : les expulsions d'étrangers, les femmes portant burka, la "diversité", l'idée pour le moins inédite d'offrir un téléphone à une femme battue s'il est prouvé qu'elle est vraiment l'objet des violences de son compagnon ou conjoint...
Tous ces sujets nous ont à la fois fait frémir et mourir de rire : imaginez une femme portant burka et venant réclamer un téléphone pour femmes battues... Devrait-elle se déshabiller pour prouver les violences subies ? Irait-on jusque là ? Et puis, à cela est venu s'ajouter une question : que voit-on des autres et que croit-on voir ?
Nous nous sommes assez vite trouvées embarquées dans une réflexion, des exercices d'écriture, l'imagination d'un espace scénique. Tout semblait parfaitement se dérouler.
Sauf que... le malaise était persistant. Quelque chose nous manquait. Cette spontanéité, ce travail sur le corps, cette liberté que nous avions connue dans la préparation de Madison, nous l'avions perdue.(cf. compte-rendu de Madison, juste à droite...)
Alors, nous repartons de zéro. Nous recherchons les traces que nous avons égarées en cours de route, et l'atelier se poursuit. À suivre, donc.

Tes nuits se sont décalées ...






Gerty Dambury, extrait d'Effervescences, éd. du Manguier, 2010. Enregistrement Jacques Cassard. Tous droits réservés.

vendredi 1 juillet 2011

Edouard Glissant nous a quittés

Le 03 février 2011, Edouard Glissant passait la ligne.
Le poète, essayiste et romancier martiniquais était et demeurera, par delà sa mort, l'une des figures les plus importantes de la vie culturelle des Antilles françaises.
Prix Renaudot en 1958 pour son roman, La Lézarde, il a été un militant engagé aux côtés de Frantz Fanon, contre le colonialisme.
Cet engagement lui valut d'être assigné à résidence en France et interdit de séjour sur son île natale, La Martinique de 1959 à 1965.
Directeur du Courrier de l'Unesco de 1982 à 1988, il a toujours mené des luttes pour la survie des identités multiples dans le monde.
C'est dans ce cadre qu'il faut situer sa théorie de la créolisation du monde, puis du Tout-Monde, théorie qui questionne la notion paresseuse d'universalisme ayant souvent couvert la disparition du divers.

Son magistral essai Le discours antillais paru en 1981 est devenu une référence incontournable pour la compréhension des facteurs historiques, linguistiques, sociologiques et culturels aux Antilles.
Nous le savions affaibli depuis plusieurs mois mais sa disparition, même prévisible, est un choc pour l'ensemble des antillais et au-delà.

Bibliographie
Essais (principaux)

Le Discours antillais. (1981) Paris: Gallimard,
Introduction à une poétique du divers. (1995) Paris: Gallimard, 1996.
Faulkner, Mississippi'. Paris: Stock, 1996; Paris: Gallimard (folio), 1998.
Traité du Tout-Monde. (Poétique IV) Paris: Gallimard, 1997.
Philosophie de la relation Paris: Gallimard, 2009.

Poésie
Pays rêvé, pays réel. Paris: Seuil, 1985.
Fastes. Toronto: Ed. du GREF, 1991.
Poèmes complets. (Le Sang rivé; Un Champ d'îles; La Terre inquiète; Les Indes; Le Sel noir; Boises; Pays rêvé, pays réel; Fastes; Les Grands chaos). Paris: Gallimard, 1994.
La Terre le feu l’eau et les vents : une anthologie de la poésie du Tout-monde., Paris: Galaade, 2010.

Romans
La Lézarde (1958) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997
Le Quatrième Siècle. (1964) Paris: Gallimard, 1997.
Malemort. (1975). Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
La Case du commandeur. (1981) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
Mahagony. (1987) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
Tout-Monde. Paris: Gallimard, 1995.
Sartorius: le roman des Batoutos. Paris: Gallimard, 1999.
Ormerod. Paris: Gallimard, 2003.

Théâtre
Monsieur Toussaint. (1961) Nouvelle édition: Paris: Gallimard, 1998.

Lully Dambury Quartet : le son pur !


Samedi 22 janvier, ça caille !
Les portes du studio sont encore fermées. Portes lourdes et noires

dans cette rue où le brouillard a l'air d'avoir élu domicile. Non, vraiment, on dirait qu'il ne fait nulle part ailleurs aussi froid que ce samedi matin dans la rue Chevaleret.
Ils vont arriver. Pas de panique ! Evidemment, je suis en avance. Normal, aujourd'hui, nous allons enregistrer notre tout nouveau son.
Vlad est là, je me demande toujours comment il se débrouille pour porter sa contrebasse avec une telle évidence... L'instrument est lové contre lui, léger, léger.
Maher a dû oublier de se réveiller à temps. Pas de panique, il sera là.
Ah, Nono, j'adore ta petite bouille souriante ! Les locks enfouies sous le bonnet et ces yeux malicieux...
Louis, tranquille, est arrivé avant nous tous, en compagnie des représentants de la Fabrique Insomniaque, les soutiens indéfectibles du projet... et les argentiers, il faut le dire !
Louis est comme un grand prêtre : posé. Ses gestes m'évoquent l'accomplissement d'un rituel tandis qu'il installe son matériel d'enregistrement.
Je leur tourne autour. De l'eau ? Du café ? Une photo ! Bien sûr, il faut tout mettre en mémoire, penser à ceux qui nous soutiennent et veulent nous voir, veulent tout savoir de nous.
C'est parti. Ils sont tous là. Tout est prêt.
Dans le casque, je les sens qui m'entourent, ça vire et ça danse, ça ballade et ça prend au ventre ! C'est la musique...
La voix de Valdimir : Confianza, Lully, Confianza !
Oui, j'ai confiance, Vlad. On va cartonner !

Lully D.

Jaz, Jaz, Jaz...

La toute première représentation de Jaz à Paris a eu lieu. Une bonne salle, de belles réactions. Nous savons que beaucoup ont été bouleversés, voire bousculés par le texte...
Nous n’avons pas eu le temps de souffler, nous voilà partis pour la Guadeloupe en compagnie de l’auteur, Koffi Kwahulé.
“Retour sur la terre de mes ancêtres”, dit malicieusement Koffi... “Qui sait, dit-il, si certains de ses ancêtres ivoiriens n’ont pas aterri dans ce pays, il y a quelque quatre cents ans...
Koffi s’adonne avec beaucoup de générosité et d’intelligence aux rencontres avec le public, aux interviews des radios et télévisions qui nous accueillent pour savoir qui est cette femme, cette Jaz à qui il a donné voix, rythme, souffle pour exprimer les effets de la violence sur un corps.
“Jaz parle du viol, dit Koffi, cette extrême violence, mais l’on peut aussi voir dans ce viol le symbole de la violence subie par nos ancêtres. D’une certain façon, l’expérience de la traite est un viol, les deux actes ont pour même conséquence la dislocation des corps , ce que le Jazz essaie de dire, de fouiller, sans jamais l’exprimer dans une harmonie. Mon texte tourne autour de cette idée.”
Les lycéens nous font savoir qu’ils ont hâte de le rencontrer, de lui faire de petites surprises à partir de ses textes.
Les premières représentations auront lieu cette semaine.
Le 15 mars au Lamentin, ce sera le coup d’envoi d’une tournée tres resserrée et donc intense, qui se terminera le 30 mars.

Que l’information circule et que Jaz rencontre son public !

dates de la tournée
Lamentin - Cinéthéâtre le 15 mars - 20h
Pointe-à-Pitre - salle George Tarer samedi 19 mars 20h
Abymes - An Kann-la - mercredi 23 mars 20h
Le Moule - salle Robert Loyson- vendredi 25 mars 20h (vente des tickets auprès du 06 90 94 67 25)
Capesterre Belle-Eau - cinéma Le Majestic - mardi 29 mars - 20h